Marie
est née le xx xxxxxxxxx 1918 à Marchand (circ. de Serrieres de
Briord) dans l'Ain, fille d'un bucheron Jean-Marie (né le xx xxxxxxxxxxxxxx
18xx à xxxxxxxxx) et d'une fermière xxxxxxxxxxxxxxxxxxx (née
le xx xxxxxx 18xx à xxxxxxxxxxxxxx), soeur ainée de Félix
(né le xx xxxxxxxx 19xx et qui décera à l'âge de
xx ans de xxxxxxxx) et de Joséphine (née le xx juin 1923 à
Onglas, commune de Benonces). Enfant sage et obeïssante, active et qui
sait déjà qu'un jour elle réussira, ailleurs.
Au décés de leur père seulement agé de xx ans, suite
à des blessures de la guerre 14/18, en 19xx, elle a xx ans et doit partir
travailler à la ville.
A Lyon, elle est "placée" dans une famille très bourgeoise,
elle est "la bonne à tout faire", cusinière, nourrice,
femme de ménage...puis un matin de l'an 19xx, elle rencontre Pierre,
le gentil garçon épicier travaillant dans le commerce de cette
famille, avec qui elle va fuir les turpitudes de la seconde guerre mondiale
et tenter l'aventure dans le sud de leur patrie envahie...
Les grands-parents paternels
de ma Maman
Mamie Marie et papi Pierre
Pierre
est né le 12 juillet 1914 à Nervieux (circ. de Feurs) dans la
Loire, fils du communiste scieur de long Antoine (né le 25 mai 1876 à
St Anthème dans le puy de dôme) et d'Eugénie (née
le 12 juillet 1878 à Montbrison dans la Loire). Famille de 4 garçons
et 2 filles, il grandit dans la pauvreté et le sens du devoir. Ils travaillent
tous dans leur modeste ferme et pour ses 7 ans, il est "placé"
comme garçon d'écurie. Il partage la gamelle et la couche avec
les animaux qu'il soigne : la misère lui apprend à braconner pour
manger.Il se forge un caractère solide, quand le fils du Maître
vient délecter, avec arrogance et mépris, des carrés de
chocolat devant lui, affamé mais déterminé à résister
à ses affronts. Par sa seule volonté et son incroyable courage,
toute sa vie, il va s'acharner à travailler dur. Et...20 ans plus tard,
il se payera le luxe de refuser, dans son restaurant, un bus de touristes...
parce que l'un des voyageurs qui s'avance vers lui, les bras ouverts, n'est
autre que le sale gosse qui l'a jadis tant bléssé.
Pierre
et Marie quittent le Rhône pour tenter leur chance dans le sud, au delà
de la ligne de démarcation. Leur première gare est Sillan la Cascade
où ils se font engager dans une ferme abritée. Elle devient la
cuisinière et la femme de ménage et il est l'homme à tout
faire, soigner les animaux, exécuter les travaux fermiers, les récoltes,
les vendanges. Le 20 avril 1941, alors que la ferme est occupée par les
allemands, Marie va à Fréjus donner naissance à André.
Après la guerre, ils s'installent à Cannes la Bocca dans une épicerie
dont Pierre obtiendra la responsabilité peu après. Puis, le bas
de laine grossissant à force de sacrifices et labeurs, ils achètent
leur première affaire, un restaurant à La Napoule. Mais, malgrès
les nombreux bus de touristes, Pierre et Marie, très ambitieux sont persuadés
de pouvoir faire encore mieux et ils achètent un hôtel-restaurant
à Juan-les-Pins. Leur enfant unique et le travail grandissent et bientôt
ils seront rejoints par Joséphine et xxxxxxxxxxxx, la soeur et la mère
de Marie. En 19xx, il neige sur la Côte d'Azur et pour les xx ans d'André,
ils préparent à nouveau les bagages pour créer un autre
commerce.
C'est à Cagnes sur Mer, ville naissante, marécageuse,
au pied d'une cité miédiévale, qu'ils jouent leur va-tout.
Pierre est persuadé que l'hippodrome, tout récemment terminé,
est un atout majeur de tourisme niçois ou cannois. Ils ont repéré
une petite maison blanche, à l'angle du boulevard de la mer.
Plantée au bord de la route, à peine carrossable en 19xx, du
bord de mer qui relie Antibes au pont du var, cette batisse va devenir un
hôtel-restaurant, à l'entrée de la ville, avenue principale
du centre-ville, du Haut de Cagnes et face à la méditerranée,
sur le passage de l'unique voie entre Nice et Cannes et sera baptisée
"Le Tiercé".
Le
goût de l'indépendance et sa volonté sont plus
que jamais déterminées et toujours plein de courage, en 19xx,
Pierre, avangardiste et intuitif, ouvre la première plage privée
de la Riviera. Il est à la hauteur des ambitions de Marie, femme tenace
et très xxxxxxxxxx, qui en veut toujours plus pour atteindre le sommet
et assouvir sa revanche sur la vie. Ils peuvent être fiers d'eux.
Pierre est le roi entre ses pédalos, gondolis et matelas, faisant des
courbettes aux demoiselles en bikini. Boissons fraîches, pan-bagnats,
glaçes en cornets, beignets au pommes et steak-frites : c'est la belle
époque !
Enfin, le succés. Ils ont réussi, partis de rien.
Au printemps 1971, leur fils André reprendra, avec sa femme, la plage
qu'il transformera xx années plus tard .
En 19xx, la Ville de Cagnes sur Mer et le Conseil Général
des Alpes-Maritimes imposent la démolition de la petite pension de
famille, désormais trop vieillotte pour une commune qui a pris de l'ampleur,
comptant désormais xxxxxxxxx habitants et adoptée par d'autres
commerçants.
En échange du préjudice, les institutions cèdent des
lots dans cet immeuble de 6 étages et notamment le premier étage
qui sera amménagé en Hôtel ***NN
de 23 chambres et destiné à André qui devra se lancer
sur les traces de ses parents.
Les travaux dureront xx ans. Pierre, Marie et Joséphine auront la responsabilité
d'une Brasserie de 380 m2 qui ouvrira en pleine saison, le xx juillet 1976.
Mais, ce n'est plus du tout le même type d'affaire
: il y a 4 personnes en cuisine, 8 en salle et au bar, les méthodes
de travail ont changé, il y a plus de 120 clients à chaque service.
Les années ont passé, Pierre et Marie sont usés.
La relève est assurée, ils peuvent prendre leur retraite.
Marie, lui a survécu 19 années, elle décède,
la veille du Carnaval de mon école auquel elle se faisait une joie
de venir m'encourager, à l'âge de 81 ans.
J'ai beaucoup de souvenirs de Mamie Marie, je me souviens
qu'elle était très gentille avec moi, patiente et qu'elle savait
aussi me gronder et me guider.
Je me suis bien amusé avec elle dans le jardin. Je me rappelle qu'elle
adorait le jeu "Educaville" et de mon train-piano avec des bruits
d'animaux et des musiques enfantines Et j'ai encore des découpages
de fleurs et de fruits qu'elle me cherchait dans les magasines. On écoutait
aussi des vieux disques et elle me chantait souvent "fais dodo...".
Quand elle a disparu du jour au lendemain, personne n'a voulu
me dire ce qui se passait, j'avais 2 ans 1/2 seulement. Elle est partie après
une rupture d'anévrisme, dans les bras de mon papa et les pompiers
ont dit à Tatie Fifine et papi qui est arrivé dans la nuit qu'il
n'y avait aucun espoir. Elle a était maintenue artificiellement, pendant
2 jours, à l'hôpital d'Antibes et elle est décédée
le vendredi xx février 1999.
Elle repose avec son époux, ses parents et son frère, à
onglas.
Marie
et Joséphine, les soeurs inséparables, vont vieillir ensemble,
dans la villa de leur rêve à tous les trois, sur les hauteurs de
Golfe-juan, que Pierre n'aura habité que durant les travaux du Tiercé.
Il avait fait un potager, avait planté les oliviers, mimosas, citroniers
et orangers qui nous enchantent aujourd'hui.
Maman
a fait comme si de rien n'était, pour ne pas que je m'apercoive de la
tristesse de tout le monde, et personne n'a pleuré devant moi.
Mais, j'ai bien vu qu'elle n'était plus là, ni le lendemain, ni
après, ni jamais.
Comme j'ai eu des problèmes d'intestin qui ont nécessité
l'intervention d'un psy, maman a décidé de suivre ses conseils
et de m'en parler, enfin.
Pierre après une nuit blanche à cause d'un sacré
mal à l'estomac et des crampes, a été hospitalisé
à l'aube d'un dimanche, un jour de Quarté Régional et
de Pâques, un record de réservations pour la Brasserie. Mais
à la clinique, il n'y avait personne de compétant ce jour là,
férié, que des internes et des ASH. Les stagiaires ne lui ont
pas fait les examens adaptés et ce n'est qu'en milieu de journée,
qu'un médecin s'apercoit du diagnostic réel de Pierre et réprimande
ses subordonnés en leur hurlant "mais, vous n'avez pas vu que
cet homme fait un infarctus, qu'est ce que vous avez foutu ? il fallait pas...".
Pierre, qui venait de terminer un repas, auquel il n'avait médicalement
pas droit en son état et après avoir avalé des pilules
bleues (dont les enquéteurs ne retrouveront pas de trace écrite
de prescription), certainement boulversé par la nouvelle annonçée
sans tact, veut se relever un peu pour lire son dossier, il est étourdi
et fait soudain un malaise. Marie sonnera et appelera à l'aide pendant
plus de 12 minutes avant qu'un agent hospitalier et une ASH n'apparaissent
dans le couloir, puis, alertée par les cris, une infirmière
tente d'intervenir.
Trop tard. Les investigations nous ont révélé qu'ils
ont été mutés ou liciencés pour garder le silence,
le secret. Même la feuille de température a disparue. La solidarité
dans le milieu médical n'est pas légendaire. Les experts sont
formels : accumulation de fautes et négligences, non assistance à
personne en danger...
Maman
m'a dit que des petits anges étaient venus chercher Mamie Marie pour
l'accompagner au ciel.
Elle m'a raconté, qu'elle habitait maintenant sur la lune où elle
avait un jardin avec les mêmes roses que chez nous et que je pouvais lui
faire coucou à tout moment parce qu'elle me surveille et me protège
de là haut et vient des fois planter des graines ici et c'est vrai !.
Parfois, je lui envoie des bisous et maman sourit !.
Mais comme ils n'ont jamais reçu l'aide de Dieu, à
nouveau la souffrance s'acharne sur eux.
Pierre décède le 12 avril 1981 à presque
67 ans.
Même sa mort est injuste et malchanceuse.
Marie,
sa veuve abasourdie, entamera une procédure contre l'Instutut Arnault
Tzank, Clinique spécialisée dans les maladies cardio-vasculaires,
de réputation mondiale et dirigée par de grands professeurs.
Il
n'aura eu qu'une saison pour s'habituer à apprécier le repos tant
mérité. Il aurait pu, enfin, goûter aux plaisirs de la vie,
s'accorder des caprices, assouvir ses rêves, mais le destin ou la mauvaise
volonté de certains prétentieux en a décidé autrement.
En fait, il n'aura fait que travailler depuis qu'il n'était encore qu'un
petit garçon et durant 60 ans.