Les Feux de l'Amour :

J'ai un avis sur les Feux de l'Amour, mais le moins que l'on puisse en dire, c'est qu'il peut passer pour ne pas être du tout objectif.... alors qu'il l'est.
Lisez jusqu'au bout !

Je vous explique : j'écris sous le coup d'une grande colère.
Je lis , j'entends incessement des commentaires, des points de vue, des débats "pour ou contre" concernant ce feuilleton, qui sont pour le moins intolérents. A tort ou à raison, la plupart des non-partisants (c'est leur droit autant que d'être fan !) n'ont pas jugé que le fond et la forme du soap, ils ont insulté les téléspectateurs sans savoir qui ils sont lorsqu'ils ne regardent pas "les feux de l'amour" . Et ça c'est non seulement une marque d'irrespect mais d'inintelligence !

Donc, si j'accumule les avis négatifs et réducteurs sur le feuilleton, je découvre que globalement, je suis considérée comme une pauvre dégénérée, s'abêtissant le cerveau avec ce qu'il y a de pire à la télé.

Evidement, n'écoutant que mon honneur blessé, je me jette sur le clavier, avec un sentiment vengeur, histoire de prouver à tous ces détracteurs, que je ne suis pas si débile que ça, que je suis lucide et volontaire dans mon choix... et qu'ils ne sont peut-être pas aussi "bons" qu'ils le croient.
Ils sont censés avoir fait preuve d'une remarquable intelligence à zapper ce feuilleton (et se donner le droit de le critiquer...!) mais ils sont certainement vulnérables parfois et ne sont pas à l'abri d'une faiblesse du même genre.
Ou ont-ils déjà de gros défauts comme : regarder 22 gars en short large brillant et chaussettes qui montent jusqu'au genoux shooter dans un ballon rond, et s'embrasser à chaque but, alors qu'ils sont venus et payés pour ça, ou 15 gars essayer de piquer le ballon de 15 autres, en se donnant des coups de pieds dans la gueule ou les c....., par exemple ! ou regarder (la bouche ouverte !) des voitures (qu'on aura jamais) tourner à toute vitesse dans le même sens pendant plus d'une heure. Rendons hommage aux commentateurs sportifs qui, toujours rafinés et jamais partisans, sont les rois de la prose !
La liste n'est pas exhaustive ! le sport à la télé est un nid !!!!!!!!

Vous voyez, c'est facile de "casser" et d'être subjectif, quand on veut.

Pour être tout à fait honnête : moi aussi j'ai critiqué, moi aussi j'ai affirmé (hautement convaincue d'être "quelqu'un de bien") que je ne regarderai jamais ces conneries là... et pourtant ! il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.

Revenons aux critiques acides et désobligentes. Le cliché ménagère de moins de 50 ans m'horripile, et rien que l'idée d'en faire partie, m'est proprement insupportable quand on sait le ton péjoratif des machos qui est accolé à cette "étiquette".
Ceci dit, je n'ai rien contre les ménagères de moins de 50 ans, vous comprendrez ensuite pourquoi. Simplement, je ne supporte pas qu'on prenne ces femmes pour de pauvres cloches !
Rapelons-nous, ils ont jugés les télespectateurs autant que le feuilleton, et c'est cela que je dénonce. Ils ont outrepassé les règles de la tolérence, le droit à la différence etc...

Les sagas et feuilletons sont des faits de société, comme tant d'autres critères de notre époque !
Pourquoi ne pas soumettre le cas en sujet au bac philo !?! il y a eu pire !

Maintenant, je vais vous raconter comment j'ai commencé à regarder ce soap (cette "soupe"!) :

Tout à commencé lorsque je sortais de l'adolescence. Je le regardais de temps en temps, pendant les vacances, par exemple. Pendant une bonne dizaine d'années, j'ai regardé par intermitence, à l'occasion. Ce qui était formidable, c'est que même en ratant plusieurs mois d'épisodes, je n'étais pas totalement perdue. Chose ahurissante pour un feuilleton...

Puis, je n'ai plus eu le temps de regarder un seul épisode, pendant 3 ans. J'en suis pas morte !

Et puis mon fils est né, et j'ai décidé d'arrêter de travailler un moment, pour passer du temps avec lui. Ma belle mère étant une fidèle, j'ai donc recommencé à regarder les "Feux de l'Amour", d'abord de temps en temps, puis assidûment.
A l'heure où il passe, mon bébé dormait, alors j'avais du temps. Je prenais le temps. Vous me direz, j'aurais pu prendre un livre (les oeuvres de Molière ou Goethe, par exemple!). Ca aurait été plus bénéfique (quoique !). Et vous n'auriez pas tort... lire, c'est enrichissant.
Mais je suis une fille pleine de manie, et lorsque je lis, je déteste être interrompue en plein suspens. J'arrête quand je veux... Alors avec un bébé, ce n'est pas évident.

Voila pour les "excuses", justifiant le fait que je regarde ce "truc débile" (avachie, en plus !)

Bien que je sois considérée comme une "ahurie inculte"… une "tarte" etc… par ces "juges de l'audiovisuel", j'ai tout de même un niveau Bac+2, et acquis depuis lors d'immenses qualités intellectuelles en diverses rubriques, que je mets de côté dans ces moments là.

Mais, je suis aussi encore romantique malgré mes expériences et mon côté féministe, parfois paresseuse… et comble : déguisée en blonde (mais un caractère de vraie brune !!!!!!!)

La véxation des propos des accusateurs et autres "terminators" en puissance (des hommes qui pour la plupart s'éclatent avec des films violents et sans scénarios de Stallone ou Shwarzy) en cours de digestion, je serais tentée de ne vous livrer que la sélection de mes réflexions plutôt positives quant au sujet.

Or, il y a beaucoup de négatif. Je dois bien l'admettre.
Si j'osais prétendre le contraire, cela prouverait que je n'ai vraiment aucun discernement...

Pour vous situer, je vais vous raconter l'intrigue (?) :

L'action se passe (le terme n'est pas très adéquate, l'action n'étant pas la spécificité des "Feux de l'Amour"...) dans une ville nommé Génoa City (dans l'état du Wisconsin aux USA)

Les différents protagonistes du feuilleton sont "répertoriés" dans différentes familles :
les Newman, les Abbot, les Chancellor, les Winters (une famille noire, quota oblige... ! ) les McNeil, ainsi que d'autres personnages, plus ou moins proches des familles dites "phares".

Pour vous résumer la trame de l'histoire, qui est on ne peut plus simple, tout le monde couche avec tout le monde, et les questions d'argent et de pouvoir sont omniprésentes. Bref, un autre Dallas me direz vous... Mais non, rien à voir avec Dallas. C'est autrement plus compliqué...
Tous les personnages ont plus ou moins été mariés entre eux. Les mariage-divorce-remariage-redivorce sont courants, et apparemment, tout à fait naturels, dans cette bonne vieille ville puritaine modèle et conforme au rêve américain.
Autre fait marquant, les enfants grandissent à différente vitesse, selon les besoins de l'histoire. Pour ceux qui ne le savent pas, je précise que ce feuilleton dure depuis environ 20 ans en France (plus de 30 ans aux USA).
Ceux qui suivent depuis le début, voient les personnages vieillir en temps réel, du moins pour les acteurs présents depuis les 1ers épisodes. Et il y en a. Ces gens ont joué presque toute leur vie, le même personnage. A force, ils ne doivent plus bien savoir qui ils sont vraiment...
Donc, pour en revenir aux enfants, je vous disais donc qu'ils grandissaient à vitesse variable. Il se peut qu'un enfant né après un autre, devienne adulte plus vite que son aîné...Généralement, ces enfants sont allés dans un pensionnat en Suisse, qui apparemment a des pouvoirs absolument hors du commun, puisque les enfants y poussent mieux...

Je vous épargne la description des protagonistes.
D'abord, ils sont beaucoup trop nombreux, et puis finalement, ça n'a pas grand intérêt.
Ils vous suffit de savoir qu'il y quelques personnages centraux :
. Victor Newman par exemple.
Censé représenté la réussite parfaite, car il arrivé au sommet du pouvoir. Respecté, talentueux homme d'affaire, autodidacte, volontaire et doué… doté d'un fabuleux self-contrôle… et taciturne à souhait… alors qu'il n'était qu'un pauvre petit orphelin... Enfant malheureux et brisé, mais ambitieux et courageux. Il est la représentation de l'homme admiré et craint de tous, séduisant, raffiné, gentleman... à qui tout réussi... une sorte de modèle, le gendre idéal !
. Jack Abbot, son plus vieil ennemi. Leur relation oscille entre le "je t'aime, moi non plus" et le "il faut éliminer de vaurien". Il aurait pu être à la tête de Newman entreprises, si... mais c'est pas lui "le grand manitou". Contrairement au "chevalier noir" intransigeant qui sème la terreur lors de ses colère (et qui a le bras long), lui est bonne pâte, aimable et confident, mais opportuniste… Il est charmeur, collectionne les conquêtes féminines, a même épousé la femme de son patron, Nikkie Newman !
. Justement, elle. Ancienne strip-teaseuse "épousée" par Victor. Elle est depuis ce jour une femme du monde, riche, elle ne travaille pas, ne fait pas la cuisine ni le ménage… elle ne fait que tenir ses amants par le pantalon (si vous voyez de quoi je veux parler) et des ventes de charité... elle devrait être heureuse, comblée, mais elle se plaint tout le temps que son mari (Victor, où tous les autres !) ne soit pas assez présent à la maison.
Pourtant, il faut bien qu'ils travaillent pour lui offrir tous ces bijoux…!
. Et puis il y a tous les autres, les soeurs de Jack, les enfants de Victor et leurs conjoints et enfants, les femmes de Victor, le père de Jack, les avocats... et tellement d'autre que je m'arrête là. Vous n'avez qu'à regarder aussi !

Et tout ce joyeux monde s'aime, se déteste, se trahit, se réconcilie, se marie, divorce et se remarie. Si bien qu'à force, tout le monde aplus ou moins été marié avec tout le monde, ou à failli l'être... à cause d'un coup de théatre... !
Leurs biographies sont complexes et pas très exemplaires !
Ce ne sont ni des modèles de vertu ni des exemples à suivre. C'est le pire de l'occidentalisme !

Les décors sont on ne peut plus simples, moches et mal éclairés. Toujours les mêmes : le ranch des Newman, la maison des Abbot, les bureaux de Newman Entreprise et Jabbot, et quelques autres encore. L'intrigue nous fait retrouver régulièrement les personnages dans d'autres lieux : le restaurant "chez Gina", le studio photo, le bureau à l'hôpital,… le tribunal. (Et oui, il y a beaucoup de divorces et d'affaires, donc beaucoup de tribunaux, car bien sur ça se passe toujours mal... et c'est très long)
Les rares scènes extérieures sont en générales des lunes de miel ou de re-miel. Et là, nous avons droit à des décors paradisiaques, sentant le carton à plein nez ! on entend les vagues mais on ne voit jamais la mer !

On passe de l'hiver à l'été, de noël à la fête nationale, en moins de temps qu'il ne faut pour y revenir soudain ! mais c'est secondaire. Ce n'est pas la palme d'Or de Cannes (!)

La façon de filmer est, elle aussi, très particulière :
Les gros plans sur les photos familiales de nos héros sont courants. Idem pour les femmes arrangeant régulièrement de superbes bouquets de fleurs...
J'allais oublier la mise en scène d'un dialogue à deux : l'un tourne le dos à l'autre (pour que l'on voit les deux visages et leurs expressions de colère, de joie ou de tristesse…en même temps, leurs regards sont très expressifs, c'est sur-joué !), appuyé à un rebord de table tripotant un objet art-déco (quand il n'ont pas un verre d'alcool à la main !) ou regardant par la fenêtre (derrière laquelle il n'y a rien !).
Ils se croisent et se recroisent entre les meubles, car ils sont presque toujours debout quand ils se parlent ou se disputent.

Les scènes importantes (révélations ou dénouements que l'on attend depuis longtemps) sont répétées, avec des nuances dans le texte, à la fin d'un épisode et au début du prochain. Comme si c'était indispensable de ne pas louper ces instants primordiaux pour la suite de l'histoire. Notez bien, c'est toujours le cas. Ca vallait le coup de s'en imprégner !
Mais avant que la fameuse révélation tombe, il vous faudra patientez un bon moment, il faut bien compter, selon le degrès d'importance, entre 5 et 30 épisodes, durant lesquelles on doute ou on est convaincu, mais on veut tout de même en être certain !

Il y a environ 4 ou 5 histoires "clef" en même temps, alors c'est chacun son tour. Un coup c'est les Newman, un coup les Winter, un coup les McNeil.
Evidement, tout ceci est long, très long, même parfois à la limite du supportable...

Bref en résumé, tout ceci n'est pas brillant, j'en conviens.
C'est même plutôt médiocre, je sais.. je sais..

Alors vous allez me dire : mais pourquoi regarde tu alors, t'es con ou quoi ????
Mais non, je ne suis pas uniquement con, simplement, je veux savoir la suite.
Ce feuilleton a comblé à sa façon (merci !) ma vie, durant les années de "calme plat" ou de "routine". Petit à petit, les personnages font un peu partie de la famille, ou l'inverse.
Rassurez-vous, je suis parfaitement consciente que c'est "pour de faux".
En tout cas, on s'habitue, on s'attache aux personnages auxquels quelquefois on s'identifie.

Et depuis que je retravaille (je suis donc une ménagère de moins de 50 ans qui retravaille !), j'enregistre. Ou je demande à ma belle-mère. On connaît tous les noms des personnages… on a leur passé propre et collectif en mémoire !
On a nos préférés, ceux que l'on déteste. On change d'avis au fil des années ou en quelques jours seulement…! Ca nous fait un sujet de conversation, neutre (!) et "exitant"

Je veux absolument connaître la suite des malheurs et bonheurs de chacun d'eux.
D'ailleurs, je les vois toujours en tant que personnage, jamais en tant qu'acteur avec son identité. Lorsque je vois un des acteurs des Feux de l'Amour dans une autre fiction (et c'est rare, peut-être sont-ils trop mauvais !) je suis toujours étonnée et j'ai du mal à accrocher avec son rôle évidemment trop différent de mon habituel "ami virtuel".

J'ai tendance à ne plus me poser ce genre de question : existent-ils ?
ils sont là, dans mon salon, quand je le désire, non ce plus sont des acteurs qui jouent un rôle, c'est Sharon, Victor, Ashley etc... ce n'est pas un scénario, ce sont des souvenirs...!

Quelquefois, je "vaque à mes occupations" durant la diffusion d'un épisode, je n'ai pas besoin de rester figée devant l'écran je reconnais les voix et je sais qui parle à qui. La musique indique de quelle "histoire" il s'agit, le lieu... les sonneries de téléphone...
I
l suffit d'être douée, à la base. Un sens aigu de l'observation, une bonne mémoire et une aptitude à l'anticipation. On devient vite une "pro" !

Et c'est d'ailleurs le but de la télé "s'évader", "se distraire"… oublier ses soucis en savourant ceux (fictifs, je sais) des autres. Car ils leur en arrive des aventures, des "incroyabilités". On gobe tout, on sait que c'est pas possible, mais ça fait rien… ça fait tellement du bien.
Alors voila, ça me détend. Quand je rentre du boulot, pour décompresser c'est parfait. Je m'engouffre dans leur présent (maîtrisant déjà leur passé !) Pas besoin de se prendre la tête. Au contraire, un petit épisode des Feux de l'Amour et hop, après une tête toute neuve, toute vide !!!

Histoire de ne pas passer pour une sombre crétine, je viens de développer des arguments respectables. Vous savez donc que je sais que les scénarios, les acteurs, les décors, les costumes, les éclairages... laissent à désirer.
Mais, je le reconnaîs, je ne le nie pas, je suis d'accord qu'on peut en rire. Mais je suis au dessus de cette analyse, j'use et j'abuse des Feux de l'Amour en toute conscience d'imbicilité !

Mais c'est tout de même bien agréable de se laisser aller à des bassesses, des facilités... !
et la télé c'est l'idéal pour tout cela... et aussi pour s'instruire.

Je suis également une accro de "Capital", "Zone Interdite", "Envoyé Spécial", "Ca se discute", "le Droit de Savoir", "Pièces à conviction", "Culture Pub"..."Tout de Monde en parle"… je m'informe par le biais de reportages, magazines et émissions sérieux et eclectiques... tandis que certains ( grrr!) préfèrent "télé foot" à "questions pour un champion" (mais pas du monde !)

Et comme dit l'autre : Un intellectuel assis ira toujours plus loin qu'un con qui marche.
A méditer.

Bon d'accord je regarde les Feux de l'Amour, mais j'assume. C'est pour mon bien.

Edito octobre 2003