Quant
Mozart compose Bastien et Bastienne, en 1768, il a douze ans.
Il s'agit d'un
opéra en un acte, un singspiel, c'est à dire une pièce de
théatre, gaie, entrecoupée de mélodies, la plupart du temps
populaires.
L'oeuvre est inspirée d'un intermède (courte représentation
qui a eu lieu entre les actes d'un opéra ou d'une pièce de théâtre)
du philosophe français Jean-Jacques Rousseau, "Devin du village"
composé en 1752, à Paris. Ce court opéra a connu un immense
succès et n'a quitté la scène qu'en 1864 ! Cette popularité
lui a valu de donner naissance à de nombreuses variantes. H. de Guerville
et Mme Favart sont les auteurs dune parodie intitulée "Amours de Bastien
et Bastienne" représentée au Théâtre des Italiens
en 1753 : les personnages de Rousseau ont été transplantés
dans un milieu plus rustique et les mélodies originales ont été
remplacées par des chants populaires. De Paris, l'oeuvre arrive à
Vienne, dès 1755. C'est ce livret qui est repris, retouché, traduit
en allemand par Weiskern et Müller, puis par Schaschtner. Le tout donne naissance
à une intrigue poétique, simple et fraîche. Il est difficile
de dire, pourtant, quels dialogues figuraient dans la version originale : le manuscrit
a disparu dans les bombardements de la deuxième guerre mondiale, et dans
les autres partitions, les dialogues n'étaient pas indiqués. Mozart
aurait probablement composé des "écitatifs secco" (sortes
de déclamations chantées qui accompagnent les inflexions de la voix
parlée).
L'oeuvre est commandée au jeune Mozart par le docteur
Anton Mesmer, célèbre magnétiseur et ami du compositeur.
C'est d'ailleurs chez lui que l'opéra est donné pour la première
fois, dans son jardin qui abrite un petit théâtre. Le lieu convient
bien à cette partition champêtre.
Orchestre
philarmonique de Nice
Direction : Benjamin Pionnier
Mise en scène
: Jacques Bellay
Décors : Caroline Constantin
Costumes : Véronique
Bellone
Résumé de l'action :
A travers l'amour de Bastienne qui attendrit Bastien sous l'oeil bienveillant du magicien Colas, les démélés des deux jeunes amoureux se développent dans un univers plein de charme.
L'intrigue :
Bastienne, qui se croit délaissée de Bastien, se lamente sur l'infidélité de son amoureux. En effet, celui-çi n'est pas insensible aux charmes et aux présents d'une noble châtelaine. Dans sa détresse, Bastienne cherche le réconfort du vieux Colas, berger et devin, et lui demande conseil. Pour faire revenir son fiancé, Colas lui suggère de feindre l'insouciance à son égard. La ruse réussit et Bastien, plein de remords, vient à son tour consulter Colas sur l'indifférence de Bastienne. Le vieil homme fait semblant de sermonner Bastienne et fait croire à Bastien qu'une intervention magique lui donnera la possibilité de revoir son amour. Ruse et divination font leur effet, le couple se réconcilie et chante les louanges de Colas.
Les trois personnages :
Bastienne
: Emmanuelle Zoldan
chantée
par une voix de soprano (voix de femme aigüe), évoque toutes les nuances
de la plainte amoureuse, du sentiment d'abandon, de l'inquiétude, du désespoir
et de la douleur. Elle a été abandonnée et se demande pourquoi
Bastien s'est laissé aveugler par une autre femme. Elle doute, puis se
reprend. Un sentiment de colère l'envahit. Elle veut affronter Bastien,
pleine de reproches, ironique et distante avant la réconciliation et le
bonheur retrouvé.
Bastien
: Richard Bousquet
a
une voix de ténor (voix d'homme aigüe), c'est un jeune homme amoureux.
En fait, le rôle de Bastien diffère peu de celui de sa fiancée,
comme pour souligner les liens qui unissent les amoureux, malgré la dispute
qui éclate quand le jeune berger ose porter les yeux sur une autre femme.
Colas
: Jean-Vincent Blot
représente
le privilège de l'âge et de la sagesse, incarné par une voix
de basse (voix d'homme grave). Colas n'est pas un magicien effrayant, mais un
personnage campagnard, qui veut que tout le monde soit heureux, et qui met donc
ses prétendus talents au service des amoureux. Pour ce faire, il n'hésite
pas à effrayer Bastien en lisant dans son grimoire quelque prétendu
texte magique et fantaisiste d'un ton très sérieux, le tout accompagné
d'une musique grave et sombre. A la fin, toute honte bue, Colas n'hésite
pas à dire, sans modestie, que la réconciliation des jeunes amoureux
s'est faite grâce à lui !