Le
Vieux-Nice, un passé historique
De la place Garibaldi,
la rue Pairolière (des Chaudronniers) descend vers la
place Saint-François,
qui
doit son nom aux Franciscains conventuels (ceux qui portant un froc noir desservent
à Florence la fameuse église Santa Croce, à Padoue la
basilique de St Antoine et à Assise le sanctuaire encore aujourd'hui) installés
là de 1250 à 1792.
Ils élevèrent un couvent , une
église reconstruite au XVe siècle, baroquisée en 1750, transformée en centre de
chargement des ordures ménagères.
Le clocher XVIIIe exhaussé en 1840
subsiste. Le Palais Communal, édifié entre 1575 et 1581, transformé au XVIIe siècle
(portail à "Renommée", 1679-1680), reconstruit en 1758-60 par l'architecte
turinois Gio-Pietro baron de Tavigliano avec
une façade d'ordre colossal, abrite aujourd'hui la Bourse du Travail. A côté,
maisons médiévales décorées d'une frise d'arcatures.
Fontaine aux Dauphins
(1938, architecte François Aragon). C'est de cette place que partaient autrefois
les diligences qui desservaient les vallées de l'arrière-pays niçois.
L'îlot Saint-François a été reconstruit en 1958-1964 en même temps que l'îlot
des Serruriers, en remplacement d'un quartier insalubre, le Babazouk.
Sur la place Saint-François se tient chaque matin (sauf lundi) le pittoresque
marché aux poissons animé par les derniers pêcheurs niçois.
Prendre les rues
Sainte-Claire et de la Croix, au bout de laquelle s'élève
la chapelle des Pénitents Blancs (visite par le Palais Lascaris), construite dans
le 2e tiers du XVIIe siècle, rénovée en 1768-70 puis vers 1825. La façade, ornée
du pélican se dépouillant de ses entrailles, symbole de charité, date de cette
dernière époque. Intérieur baroque à travées rythmiques, intéressant décor floral
polychrome peint. Invention de la Sainte Croix, toile importée de Rome vers 1685;
Saint Michel, toile inspirée de Luca Giordano, début XVIIIe siècle ; matériel de procession.
Par la rue de la Loge, rejoindre la rue Droite où on atteint le Palais Lascaris
(n°15) , palais baroque de style gênois
(1648-1655, embelli en 1706 puis au cours du siècle). Son imposante façade présente
des balcons de marbre sur consoles à masques grimaçants. Il abrite notamment un
musée des Arts et Traditions Populaires et de nombreuses expositions temporaires.
Dans la rue Droite, plusieurs linteaux du XVIIe siècle portent des devises de
familles nobles par exemple "Spes mea Deus"
(Millon de Veraillon) au n°21, ou bien "Justus Judex" (Honoré de Guidici) au n°14.
Eglise du Gésu, commencée par les Jésuites en 1642,
ouverte en 1650, achevée vers 1680, embellie au XVIIIe siècle. La façade, édifiée
en 1825-27, a reçu une polychromie en 1987. L'intérieur, divisé par une riche
corniche, est couvert de voûtes ornées de gypseries
peuplées d'une multitude d'anges et de puttis.Le plan, à travées rythmiques, est
caractéristique des églises jésuites. Ensemble de toiles XVIIe siècle : "Saints
Crépin et Crépinien", "Communion de Saint Honoré" ancien autel
de la corporation des boulangers ; dans le chœur à droite : Sainte Elisabeth de
Hongrie et deux ensachées niçoises, toile de l'ancienne confrérie des Pénitentes
grises ; dans la 1ère chapelle latérale de droite : Sainte Marguerite Marie Alacoque
priant le Sacré-Cœur, toile signée d'Emmanuel Costa (Menton 1833-Nice 1921) célèbre
pour ses aquarelles de la Riviera dont le Palais Massé na présente une intéressante
sélection. Chaire à bras porteur d'une croix de prédication amovible, statue polychrome
de la Madone des Sept Douleurs.
Par les rues du Jésus et Centrale, déboucher
sur la place Rossetti (1825-1830) où se dresse la cathédrale.Une chapelle Sainte-Réparate,
mentionnée en 1060, relevant des Bénédictins de Saint-Pons s'élevait entre la
colline et le Paillon. Agrandie, elle est cédée aux évêques de Nice au XVIe siècle
quand ceux-ci s'établissent dans la ville basse. Entre 1650 et 1680, sur les plans
du Niçois Jean-André Guibert (paroissiale de l'Escarène,
cathédrale de Sospel, nombreux chantiers militaires et publics), ils font construire
à son emplacement un édifice monumental. Façade construite en 1825-30, ornée d'une
polychromie en 1980 (restauration d'ensemble 1976-85). Intérieur à trois nefs
et chœur monumental ; croisée surmontée d'une coupole sur tambour à tuiles polychromes
; chapelles au somptueux décor baroque ; maître autel et balustrades en marbres
polychromes frappés des armes de Mgr Provana de Leyni qui fit achever
la cathédrale. Autel-retable et toile du Saint-Sacrement
(fin XVIe s. ; croisillon droit). Partant de l'entrée
dans le bas-côté gauche : Martyre de Sainte Réparate avec vue de Nice, par Hercule Trachel
(1839, 4e chapelle) ; devant d'autel en commesso de
pierres dures aux armes des Turati (fin XVIIe), Mort de Saint-Joseph, toile par
J.-B. Biscarra, fin XIXe (5e chapelle). Bas-côté droit
: Apparition de la Vierge à St Antoine de Padoue, par J.B Passadesco (XVIIe s.), 2e chapelle, autel de Sainte-Rose-de-Lima, culte introduit par les Detta-Doria à la fin du XVIIe s. (3e chapelle). Le clocher,
rajouté entre 1730 et 1750, domine la place aux Herbes, créée en 1587-88.
Par les rues Sainte-Réparate et Place-Vieille,
atteindre cette placette où se tenait jadis le marché aux champignons ; s'y dressent
des palais élégamment rénovés comme celui des Caïs de
Gilette face auquel est placé le buste de Joseph-Rosalinde Rancher (1785-1843), rénovateur de la langue
nissarde, littérateur qui composa La Nemaïda, long poème épique.
Par la rue Benoît-Bunico, on atteint la rue de
la Préfecture à la hauteur de la Loggia, espace public utilisé pour le commerce
ou pour les fêtes, rénové en 1584. En face, boutique de type médiévalmais
qui n'est pas antérieure à la mi-XVe. La loggia est
accolée à l'église San-Giaume, dite aussi de l'Annonciation
ou Sainte-Rita (culte italien). Façade de 1982-83 ;
édifice reconstruit entre 1677 et 1685 ; élégant décor baroque avec corniches
et baies octogonales; une demi-coupole sur un haut tambour
éclaire le chœur; des restaurations en 1806 et 1845 ont concerné le retable du
maître-autel et sa toile (Annonciation), les voûtes de la nef et quatre chapelles
latérales (caissons à rosaces dorées). Chapelle Saint-Erasme de la Confrérie des Marins niçois (première à
droite) : toile avec scène maritime, début XVIIIe, retable de marbres, onyx et
albâtre polychromes; sous l'autel, décor d'instruments de navigation. Chapelle
Sainte-Rita, avocate des causes désespérées (première à gauche),
toujours fleurie et illuminée; sur le côté droit, Déposition du Christ (1840)
par Carlo Garacci (Nice 1818-1895), artiste formé à
Turin et à Rome. Chapelle Saint-Pierre (au centre à gauche) de la corporation
des pêcheurs : voûte peinte du XVIIe et toiles latérales (St Jean à Pathmos et
Délivrance de St Pierre par Abraham-Louis Van Loo,
1699). Chapelle du Carmel : ensemble de marbres polychromes d'influence turinoise
encadrant une splendide statue de la Vierge (vers 1730). L'Annonciation, toile
du chevet, serait due au peintre russe Chevelkine (cette
toile réalisée en 1829, fut donnée par le tsar Alexandre Ier au général comte
Michaud de Beauretour qui la céda à l'église après qu'en 1834 son chœur
ait été endommagé par un incendie et la toile précédemment au chevet détruite.
Par la rue de la Poissonnerie (au
numéro 8, bas-relief de stucs dit "Adam et Eve", 1583, restauré en 1986)
, on débouche sur le Cours Saleya. Il est fermé
côté mer par des Terrasses du second tiers du XVIIIe siècle qui servirent de promenade
mondaine. Au fond, à gauche (côté château), palais Ribotti-Caïs de Pierlas (XVIIe transformé
fin XIXe) et la chapelle du Saint-Suaire des Pénitents
Rouges (accès le dimanche matin ; 1657-1659). A l'intérieur, le Saint-Suaire, toile du Niçois J.-Gaspard
Baldoino, 1660 et la Sainte-Trinité,
toile (1840) de Paul Emile Barberi (Rome 1785, Nice
1851), groupe sculpté "Le miracle de Saint Hospice", matériel de procession.
Ancien palais du Sénat de Nice (bâtiment contigu), cour souveraine de justice
créée à Nice en 1614 ; aujourd'hui le bâtiment réaménagé abrite l'asile de nuit...
Le cours, devenu piétonnier, est
bordé de cafés et restaurants pittoresques. S'y tiennent les marchés aux fleurs,
aux fruits et légumes, aux antiquailles le lundi, et aux livres anciens deux samedis
par mois.
Au centre s'élève la Chapelle de la Miséricorde des Pénitents
Noirs (visite par le Palais Lascaris). Ce bijou de l'architecture baroque ne doit
pas se manquer. Construit pour les clercs théatins entre 1740 et 1786 par le Piémontais
Bernardo Antonio Vittone (1705-1770),
élève de Guarino Guarini, cet édifice fut transformé
en 1828 lorsqu'il fut repris par les Pénitents Noirs.
Façade à deux étages,
bombée et très élancée. Intérieur elliptique où, en plan, n'existe aucune ligne
droite. Une polychromie de faux marbres, de stucs dorés et de peintures à ciel
ouvert à la voûte créent une impression d'irréalité.
Ensemble de toiles XVIIe
dont une Décollation de Saint-Jean-Baptiste (1612),
un Saint-Philippe-Neri et un Saint-Gaëtan-de-Thienne. Dans la sacristie, polyptyque de
la Miséricorde, par Jean Miralhet (vers 1430) : la Vierge
est encadrée des Saints Côme et Damien (à gauche), Sébastien et Grégoire (à droite);
la prédelle raconte la vie de la Madeleine. Œuvre caractéristique du Gothique
International provençal, empreinte d'influences françaises (dessin) et siennoises
(couleurs). Un panneau encore dédié à la Miséricorde est attribué à Louis Bréa
(vers 1510) ; il permet une intéressante comparaison (deux toiles sans intérêt
l'encadrent) ; son paysage devrait représenter le château de Nice, le Pont St
Antoine et sa tour dans leur état de la fin du XVe siècle.
Au fond de
la place Antoine Gautier s'élève la Préfecture. Dénommé Palais Royal, considérablement
remanié depuis, il abritait les souverains sardes lors de leurs séjours à Nice.
C'était aussi la résidence officielle du Gouverneur de Nice et du Comté. Construit
à la fin du XVIe siècle par le duc Emmanuel-Philibert, il fut rénové et agrandi,
suite à un incendie, en 1613 puis à nouveau remanié au XVIIIe siècle.
Le cours est prolongé vers l'ouest par la rue Saint-François-de-Paule,
artère principale d'un terrain qui commença d'être urbanisé à partir de 1717,
après la destruction des remparts. Des familles nobles et des négociants fortunés
y édifièrent des "palais", immeubles de rapport monumentaux dont on
louait les appartements. Les grands escaliers du Palais Hongran de Fiano au n°2 (1769-72)
avec son décor plafonnant à motifs floraux (vers 1910) et du Palais Héraud (2e quart du XVIIIe) au remarquable mouvement ascensionnel
(15 rue Alexandre-Mari) sont remarquables.
L'Opéra occupe l'emplacement d'un théâtre construit en 1776-77, remplacé en 1827
par une salle détruite par un incendie en 1881. François Aune acheva en 1885 p
l'édifice actuel, sa façade et sa décoration trahissent
l'influence de Charles Garnier ; sa salle aux velours rouges et lambris dorés,
avec cinq étages dont trois de loges, s'inspire des théâtres italiens comme la
Scala de Milan.
En face, l'église Saint-François-de-Paule
fut reconstruite par les Minimes entre 1762 et 1767. La façade, d'ordre colossal,
fut ajoutée en 1773. Le chœur et le revers de façade, curvilignes, sont complémentaires.
Dans la première chapelle droite : Communion de Saint-Benoît (en haut) et du Doge
Amiconi entouré du Grand Conseil des Dix (en bas), une
femme symbolisant Venise, toile originale attribuée à J.-B. Van Loo
(début XVIIIe). Chevêt : Triomphe de Saint-François
de Paule, toile baroque anonyme (XVIIIe) achetée à Rome par le Minime, encadrée
d'élégantes gypseries. Dans la première chapelle gauche.
Sacré-Cœur, toile d'Hercule Trachel (1850) avec vue de Nice et de la Baie des Anges.
L'Hôtel-de-Ville est un ancien séminaire construit
entre 1741 et 1750 et devenu gendarmerie sous l'Empire, hôpital à la Restauration
et Palais Communal en 1868. Des transformations radicales en 1930 et des agrandissements
en 1975 lui ont donné son aspect actuel. Dans la salle du Conseil, galerie de
portraits des maires de Nice.
L'extrémité de la rue Saint-François-de-Paule
débouche sur le Jardin Albert 1er et son Théâtre de Verdure (Fontaine aux Tritons,
XVIIIe siècle et nombreux bustes et médaillons de célébrités). On aboutit à la
Promenade des Anglais où s'élèvent le Kiosque à Musique (1868) et le Monument
du Centenaire (architecte Jules Febvre, sculpteur André Allard, 1893) qui célèbre
le premier rattachement de Nice à la France par la Convention en 1793.
Lors du centenaire du rattachement définitif, en 1960, une inscription lui fut
ajoutée. Dans le Jardin Albert Ier on remarquera encore le buste du roi-chevalier de Belgique, la Lionne de Masson (1869), les
Trois Graces et l'Arc de 115°,5 par Bernar Venet (1988).