Le
Verdon, dont le cours est surtout marqué par l'existence d'étroites et profondes
gorges, a généralement joué un rôle de frontière plutôt que de voie de communication
au cours de l'histoire, à l'instar de la Durance dont il est un affluent. À ce
titre, aujourd'hui encore la rivière marque la limite entre les départements des
Alpes-de-Haute-Provence et du Var. Enfin, il est notable qu'une partie du Grand
canyon du Verdon n'ait été explorée qu'au XXe siècle seulement.
Néanmoins,
comme nombre de rivières le Verdon a attiré l'Homme dès la préhistoire : si des
traces d'occupation humaine existent dès le paléolithique sur le bas Verdon, c'est
surtout le néolithique qui a livré en importantes quantités un matériel aujourd'hui
principalement conservé au Musée de la préhistoire des Gorges du Verdon, à Quinson.
Durant la protohistoire, le haut Verdon fait partie de l'aire alpine tandis que le moyen et le bas Verdon font partie de l'espace méditerranéen provençal.
Quelques noms de peuples de cette période sont connus : les Gallitae ou Gallites (littéralement " petits Gaulois ") à Allos (aux sources du Verdon), sont vraisemblablement des Gaulois de Cisalpine - des Ombriens - ; les Suètres peuplent la vallée du Verdon dans les Alpes-de-Haute-Provence ; les Reii, qui ont donné leur nom à Riez, leur " capitale ", sont quant à eux l'ethnie la plus importante au nord du bas Verdon.
C'est, en effet, surtout sur le cours du Colostre, affluent du Verdon, et à partir de ce dernier oppidum que semble alors s'être développée une importante occupation humaine : en aval de Riez, Le nom du village d'Allemagne-en-Provence conserve le souvenir d'une déesse gauloise et, non loin de Saint-Martin-de-Brômes, l'oppidum de Buffe-Arnaud domine le confluent stratégique du Colostre et du Verdon. Ce dernier site a été fouillé à l'occasion de la rectification de la route départementale 952 en 1992 et a notamment livré un fragment de bracelet laténien de style plastique.
Riez demeure une ville importante à l'époque romaine et paléochrétienne : les ruines d'un temple romain et d'un baptistère octogonal témoignent de la splendeur passée de cette cité qui est alors reliée à Aix-en-Provence par la via sextiana.
Au Moyen Âge, les familles nobles provençales de Simiane, Pontevès et Sabran se partagent la propriété des villages du Verdon avec les évêques de Riez.
Le Styx du Verdon :
nommé ainsi par référence au Styx de la mythologie grecque, est une sorte de mini canyon dans le canyon. Dans la mythologie grecque, Styx (en grec ancien " détester, haïr "), est une Océanide, fille aînée d'Océan et de Téthys, ou une déesse, fille d'Érèbe (les Ténèbres) et de Nyx (la Nuit) selon d'autres traditions. Elle personnifie le Styx, un des fleuves des Enfers ; Le Styx, d'abord uniquement présent dans la tradition grecque, est ensuite apparu dans l'enfer du christianisme, particulièrement dans la Divine Comédie. Dante attribuait la garde du Styx au nocher Phlégyas. Il faisait de cette rivière le cinquième cercle de l'enfer, où les coléreux avaient pour châtiment de demeurer immergés dans la vase du cours d'eau.
Les Gorges du Verdon constituent sur une bonne distance, la frontière entre les départements du Var au sud et les Alpes-de-Haute-Provence au Nord, dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Cette région, entre Castellane et le lac de Sainte-Croix, s'appelle les Gorges du Verdon. Elle se divise en trois parties distinctes :
-
les Prégorges qui vont de Castellane à Pont de Soleils ;
- les Gorges qui vont
de Pont de Soleils à l'Imbut ;
- le Canyon qui va de l'Imbut au Pont de Galetas.
Les Gorges du Verdon sont étroites et profondes : de 250 à 700 mètres de profondeur, pour 6 à 100 mètres de large au niveau de la rivière du Verdon, et 200 à 1500 mètres d'un versant à l'autre au sommet des gorges.
La Faune :
Vautours, buses, crecerelle, Circaete, Hulette, Grand duc, Becasse... Lièvre... Chevreuil, chèvres sauvages... Sanglier... âne de Provence... moutons...
L'Imbut :
L'Imbut ou Embut ou Embucq sorte d'entonnoir où le Verdon disparaît sous terre, sous un énorme chaos rocheux.
- le Tunnel du Fayet où l'Artuby se jette dans le Verdon, hauteur de 300 m
Les principaux sites exceptionnels :
Moustiers
Ste Marie est
un village en aval du canyon, dans une faille où coule un torrent qui entame la
falaise qui domine le village ; les deux bords sont reliés par une chaîne de fer
forgé longue de 227 m à laquelle est accrochée une étoile dorée. Cette chaîne
aurait été scellée dans le roc en éxécution d'un vœu fait par le Chevalier de
Blacas, revenu de croisade après une longue et éprouvante captivité.
La Faïence
est sa spécialité de renomée mondiale
Aménagement hydroélectrique :
Entre 1929 et 1975, cinq barrages ont été édifiés sur le cours du Verdon, entre Castellane et Gréoux-les-Bains. Ces barrages correspondent à autant de retenues d'eau :
-
1929 : Barrage de Castillon, pose de la première pierre
- 1932 : Interruption
des travaux
- 1936 : Incendie qui endommage les structures
- 1948 : Fin
des travaux barrage de Castillon
- 1951 : Fin des travaux barrage de Chaudanne
- 1960 : Fin des travaux barrage d'Esparron-Gréoux
- 1973 : Mise en eaux
du barrage de Sainte-Croix
- 1973 : Reconstruction du village des Salles,
400m plus haut
- 1974 : Mise en production de l'usine électrique de Sainte-Croix
- 1975 : Mise en eaux du barrage de Quinson
-
lac de Castillon avec engloutissement du village du même nom ;
- lac de Sainte-Croix
avec engloutissement du village des Salles sur Verdon, du pont romain dit pont
de Garuby ou pont d'Aiguines et de la résurgence Fontaine l'Evêque à Bauduen.
D'une couleur merveilleuse et changeante presque tous les jours, il est devenu
un haut lieu du tourisme estival. C'est le deuxième plus grand lac artificiel
de France ;
- lac d'Esparron-Gréoux est de couleur verte, comme le Verdon
contrairement au lac de Sainte-Croix dans la couleur duquel le bleu domine ;
-
retenue de Chaudanne ;
- retenue de Quinson, parfois improprement nommée
-
lac de Montpezat ", du nom du village qui la domine.
Le Verdon est aujourd'hui qualifié de " château d'eau " des départements des Bouches-du-Rhône et du Var par Électricité de France : en effet, cinq barrages ont été constuit sur son cours pour alimenter en eau la basse Provence pour l'irrigation et la production d'eau potable.
haut Verdon :
L'aménagement du haut Verdon est le premier à avoir lieu : il est fait progressivement.
Entre 1928 et 1932, la Société Hydroélectrique du Verdon (S.H.V.) est responsable des chantiers de Castillon et de Chaudanne et bénéficie pour cette tâche des réparations dues par l'Allemagne au lendemain de la Grande Guerre. Suite à la faillite de la société en 1932, les travaux sont interrompus jusqu'en 1938, date à laquelle ils reprennent, d'abord temporairement sous la houlette de l'Énergie Électrique du Littoral Méditerranéen (E.E.L.M.), puis définitivement à partir de 1942.
Finalement, le barrage de Castillon, le plus en amont, est mis en eau au printemps 1949 : il donne naissance à une retenue de 5 kilomètres carré et de 150 millions de mètres cubes, dont 85 sont réservés à l'agriculture.
En aval, le barrage de Chaudanne, moins important, est mis en eau durant l'hiver 1952 par Electricité de France (E.D.F.) : situé dans un verrou du massif de la Victoire, il sert surtout à réguler le flux d'eau.
bas Verdon :
Sur le bas Verdon, la phase d'études démarre dès 1926. L'aménagement de la rivière y est indissociable de celui de la Durance dans laquelle le Verdon achève sa course.
En 1957, la Société du Canal de Provence (S.C.P.) est créée : à partir de 1963, une centrale est construite par E.D.F. à Vinon-sur-Verdon et un barrage est édifié à Gréoux-les-Bains. Ce barrage sert donc à la fois à la production hydroélectrique, mais aussi à l'alimentation en eau du Canal de Provence.
Il donne naissance à la retenue de Gréoux communément appelée " lac d'Esparron-de-Verdon2 " et est achevé en 1967.
Enfin, construction à partir de 1970 du barrage de Ste-Croix, dans la gorge de Baudinard : la retenue du même nom (le " lac de Sainte-Croix ") est mise en eau en 1975 et couvre une surface de 22 kilomètres carré pour stocker 760 millions de mètres cubes d'eau, dont 140 sont réservés à l'agriculture.
Sainte-Croix forme le deuxième plus grand lac artificiel de France (après celui de Serre-Ponçon) avec 22 km² et 760 millions de m³ stockés. Sous ses eaux se trouvent la source de Fontaine-l'Evêque (première source de France), nombre de sites archéologiques (les résultats des fouilles d'urgence entreprises avant la mise en eau sont visibles au Musée de la préhistoire des Gorges du Verdon, à Quinson2) et le village des Salles-sur-Verdon, reconstruit plus haut. 25 kilomètres supplémentaires de route et deux ponts ont dû être réalisés pour assurer la circulation de part et d'autre de la retenue.
En 1975 également, un dernier barrage est achevé à Quinson : il remplace un précédent ouvrage de 15 mètres de haut qui avait été construit en 1868 pour irriguer la plaine d'Aix-en-Provence et donne naissance à la retenue de Quinson, parfois nommée " lac de Montpezat ". Le rôle principal de cette dernière est celui de bassin de compensation du barrage de Ste-Croix.
Un
relief étonnant,
chargé d'histoire :
Au Crétacé, la Basse Provence se rehausse et la mer atteint l'emplacement actuel des Alpes. L'ère Tertiaire voit l'édification des Alpes. La fracture des calcaires jurassiques façonne les reliefs et les vallées. C'est à cette époque que le Verdon trace son cours. Au Quaternaire, les glaciations transforment les cours d'eau et les lacs en redoutables fleuves de glace, qui modèlent les reliefs en taillant et striant le paysage. À la fin de ces glaciations, les eaux des rivières continuent leur érosion et notamment, le Verdon, en creusant son lit dans les sédiments calcaires coralliens accumulés au secondaire, avec un débit d'eaux tumultueuses avoisinant 2 000 à 3 000 mètres cubes par seconde.
La rivière du Verdon :
Le
Verdon (virdones au Moyen Âge) est une rivière qui prend sa source tout près du
col d'Allos, dans le massif des Trois Evêchés (2819m). Il va se jeter dans la
Durance, près de Vinon-sur-Verdon après avoir parcouru 175 kms. Son parcours le
plus intéressant se trouve entre Castellane et le Pont du Galetas, sur le lac
de Sainte-Croix. Ce lac était il y a quelques dizaines d'années la grande plaine
des Salles-sur-Verdon, avant la mise en eaux du lac artificiel créé par l'édification
du barrage de Sainte-Croix. Lors de la montée des eaux en 1973, le vieux village
des Salles a été évacué , détruit et noyé. Son église a été dynamitée, tout comme
le village, qui est reconstruit plus haut et plus moderne. C'est maintenant le
plus jeune village de France.
La
couleur verte du Verdon est due au fluor et aux micro algues qu'il contient :
elle est probablement à l'origine de son nom, formé à partir du latin viridum,
" lieu verdoyant ". Toutefois, le lac de Sainte-Croix ou la retenue de Quinson,
notamment, présentent sur son cours une couleur turquoise due aux fonds argileux.
Au
Jurassique, il y a 140 millions d'années, les fonds marins s'approfondissent sauf
au sud où la mer est chaude et moins profonde et permet l'installation d'une faune
corallienne(des fossiles de coraux subsistent) proche d'un lagon (situé à cette
période à l'emplacement de Canjuers).
Les calcaires massifs qui résultent
de ces dépôts se sont formés de grands plateaux dans lesquels se sont creusés
beaucoup plus tard les fameuses Gorges du Verdon. Il y a 120 millions d'années,
la mer s'approfondit et la roche devient plus marneuse (on trouve des fossiles
d'oursins, d'ammonites et de reptiles marins).
Géologie :
Il y a 210 millions d'années, la mer s'installe dans la région et est peuplée de quelques ammonites, sous le climat tropical et dans des endroits lagunaires se précipitent du gypse, du platre et du sel.