Papi
Dédé, Mamia, Maman, Papa et moi quittons le port de Cannes avec
un bateau-navette de la Sté Planaria à 9 h 10. La traversée,
très ensoleillée est agréable, nous croisons des bateaux
de toute sorte. Enfin, nous arrivons au port de l'ïle vers 9 h 30. Sur
le ponton de débarquement, papa ne manque pas l'occasion d'observer les
fonds et de commenter les espèces de poissons qu'il aimerait bien pêcher...
Trois groupes
de visite guidée se forment, nous suivons notre nouvel ami Frère
Bernard qui nous montre et explique les différents cépages,
les vignes : chardonnay, sirah... il nous raconte les vendanges, les bonnes
années, l'histoire du vignoble de St Honorat... et il nous entraîne
dans les caves, les chaix... il détaille la préparation, du
repos du vin en fû au caryon d'expédition en passant par la mise
en bouteille... et nous dirigeons vers la salle des fameuses liqueurs...
en
passant par les cours, longeant les diverses granges et contournant l'abbaye.
Nous apercevons des moines qui travaillent au potager, nous sommes à
l'arrière du cloître, traversons un atelier (menuiserie, imprimerie...bricolage
en tout genre à l'ancienne) où règne le savoir-faire et
la tradition, la buanderie, on nous signale que nous passons sous les fenêtres
des chambres des moines pensionnaires... et le Frère Bernard nous montre
le fort sur le rivage et nous invite à le suivre vers le jardin au pied
de l'abbaye pour suivre la messe...
Il
est 11 h 15, Mamia, maman et moi pénettrons dans l'église et somme
stupéfait par l'immensité, la beauté des pierres mise en
valeur par la sobriété des lieux : aucune statue, aucun bibelot,
pas de vitrail coloré, par de dorure... rien qu'un christ en bois au
fond de l'autel simplement éclairé qui nous attire au recueillement
et nous force au silence. Les moines s'installent lentement dans la partie qui
leur est reservée entre les bancs des fidèles et l'autel au loin.
Les chants des moines, la clarté épurée, le silence...
c'est émouvant.
A
la sortie de la messe, nous rejoignons Papi Dédé et Papa et reprenons
ensemble le chemin inverse vers le débarcadaire, nous sommes déjà
enchantés de notre visite mais sommes impatients d'arriver au Restaurant
"La Tonnelle" où est prévu le repas et... "LA DEGUSTATION"...
enfin, nous allons goûter ses fameux vins (du pipi d'ange parait-il) dont
on nous vente les richesses depuis ce matin au pied des vignes, près
des fûts, jusqu'au fond des caves...
Le
Frère Marie-Pâques entame un discours de bienvenue et une conférence-promotion
de la nouvelle liqueur la "lerinello", sorte de Limoncello avec des
citrons bios et AOC de Menton...
A notre table viennent nous rejoindre un jeune couple de cannois. Ils sont très
sympathiques et la conversation s'installe très convivialement entre
nous, entre l'émotion de quelques confidences et l'envolée animée
des constats fâcheux de la position de la France en Europe, de la Chine
à craindre, des fonctionnaires... bref, on est bien sur la même
longueur d'onde... et en plus Anne et son mari apprécient bien comme
nous les vins qui nous sont servis au cours du repas... bien arrosé.
On triche car on demande à ce que l'on me serve et c'est Papi Dédé,
Mamia et Maman qui se partagent mes verres... que je goûte d'ailleurs
car je dois apprendre à apprécier les bons vins autres que de
Bourgogne...
Nous
sommes accueillis à quai par le Frère Marie-Pâques et le
Frère Bernard, un petit italien qui commence à répondre
à nos questions sur le chemin de l'abbaye où nous attend un café
(ou thé) de bienvenue dans les jardins. On passe devant la statue de
St Antoine de Padoue et la Chepelle St Pierre. Il fait déjà très
chaud, le soleil brille et l'ambiance est chaleureuse et joyeuse. Nous observons
un faisan qui s'approche de la petite centaine de visiteurs d'un jour qui sont
étonnés et amusés de cette nature aussi paisible. La végétation
sauvage méditerranéenne est au paroxisme de sa splendeur en cette
saison et les chants des oiseaux nous confirment la paix et le respect qui règne
sur cette île.
En
entrée, des miettes de fromages sur un lit de mesclun bien assisonée,
puis une sorte de ragout-blanquette de veau (et non de porc comme nous l'a annoncé
le Frère Marie-Pâques), des flagolets et haricots rouges
sauce
forestière. Je me régale, j'en prend plusieurs fois et en dessert
une glace sorbet au citron arrosée (à peine) de Lerinello. Puis
un petit discours à propos de la préservation de l'ile... le "Lerinello"
bien frais
Frère
Marie-Pâques nous demande de rejoindre l'Abbaye pour la suite de la visite
du cloître, sans oublier la boutique (!) sans se presser mais sans trop
tarder... c'est le moment de se lever et c'est pas évident pour tout
le monde... nous finalement àa va. On se lève et partons en compagnie
de ce charmant couple vers la basilique. Anne et Maman sont un peu plus gaie
et ont les joues roses, on est doublés par trois grands gaillards qui
sont visiblement venus à St Honorat pour les vins en priorité,
ils sont un peu éméchés... tout le monde arbore un air
jovial ici : est-ce la qualité du vin, l'air marin, la sérénité
d'être plus près de Dieu... ou un peu de tout cela réuni...
on se sent bien ici, dans cette nature sauvage, bercés inconsciemment
par l'harmonie des chants des oiseaux et des vagues... on est presque au paradis
On
se suit un nouveau guide sans trop préter attention et on pénètre
dans le cloître par la Basilique. La salle des prières épurée
où reignent deux rangées de bancs face à faces. La salle
à manger des plus atypique où les moines déjeunent et dînent
en silence, les deux longs bancs de bois nobles, deux longues tables sont déjà
dressées, les couverts placés côte à côte avec
un grand espace entre chaque convive... sur le fond de la pièce une splendide
peinture de "la cène" éclairée par une fenêtre
au sommet. On est très loin des éclairages et décorations
à outrance d'un Mc Do ou d'un restaurant chinois. Ici c'est la sobriété,
le calme... tout au cours de notre avançée, une impression de
lenteur nous envahie... de plénitude
Dans
ce labyrinthe de couloirs, nous pouvons admirer des meurtrières de fer
forgé qui donnent sur un charmant jardin intérieur, des vitraux,
quelques statuettes...
Le
jardin intérieur, le cimetière... les vestiges, les boulets rouges...
l'architecture...
Pour
boucler cette visite, nous repassons par l'allée fleurie de l'Abbaye...
Un
passage (vivement conseillé) par la boutique où Mamia et Papi
dédé m'offrent un beau livre bien illustré (la Bible pour
enfant les grands récits de l'ancien et du nouveau testament) que nous
nous empressons de faire dédicacer par le Frère Marie-Pâques
et le Frère Bernard avec qui je pose en souvenir de sa chaleureuse et
enrichissante compagnie... c'est l'heure du départ. J'en profite pour
prendre un autre chemin prétendant les rejoindre à "La Tonnelle"
mais je m'éclipse avec Anne et son mari qui sous mon insistance me font
découvrir leur bateau et nous nous retrouvons tous. Papi Dédé
a commandé une bouteille de blanc bien fraîche et nous la partageons
avec nos amis d'un jour pour l'aurevoir.
Il
est 17 heures, nous prenons le bateau-navette du retour, non sans tristesse
mais les yeux, le coeur plein de bons souvenirs. Nous ne partons pas les mains
vides, une bouteill de rosé et une de rouge, avec un ouvre-bouteille
par personne (moi y compris... via Papi Dédé) offerts par la confrérie
des moines. Nous croisons Frère Marie-Pâques et Frère Bernard
vers le ponton, nous les saluons et remercions au passage...
Au soleil descendant, nous croisons les mêmes navires, nous revenons au
port remplis de bonheur, enchantés... et prêts pour une belle commande
de vins... ! au revoir !